Gravity (2013)

Space. The final Frontier.  Deux astronautes effectuent une opération de routine sur de l’équipement en orbite de la Terre. Un accident survient et des débris de satellites voyagent en course folle autour de la planète détruisant et entrainant sur leur passage davantage de satellites et autres installations spatiales. Les deux astronautes sont coupés de leur navette et doivent trouver un autre moyen de revenir sur terre.

L’intérêt

À la base, j’étais curieux de voir Gravity parce que j’aime bien le réalisateur Alfonso Cuarón. Dans mon jeune temps, j’avais particulièrement aimé Great Expectations (drame romantique avec Ethan Hawke et Gwyneth Paltrow) et Y Tu Mama Tambien (excellent road trip/film d’ado mexicain acclamé par la critique internationale). Si vous n’avez vu aucun Cuarón, je vous recommande de débuter avec Y Tu Mama Tambien. Plus récemment, il a fait l’excellent troisième opus de Harry Potter, The Prisoner of Azkaban et Children of Men, qui est son plus grand succès pré-Gravity auprès de la critique.

Un autre élément d’intérêt pour moi de souhaiter voir Gravity est qu’il met en vedette Georges Clooney. Il est de ceux qui peuvent se permettre de choisir de prendre un rôle ou non et je suis rarement déçu des choix [post-Batman] de Clooney.

C’est bien tout ça, mais c’est très personnel comme motivation. Il y a une source beaucoup plus objective de motivation pour voir Gravity, une motivation si intense qu’elle m’a incité à voir le film en IMAX 3D dès le premier soir de sa sortie. Paru en première mondiale au TIFF, un total de 14 critiques sont rapidement apparues sur Metacritic totalisant un metascore impressionnant de 94 %. Assez unanime comme déclaration d’excellence! C’était déjà suffisant pour que j’achète mon billet pour le soir de la première. Il était prévisible que ce metascore insensé-ment élevé allait s’ajuster et redescendre une fois que le film serait vu par davantage de critiques, à sa sortie. Et effectivement, un changement s’est produit. Le matin du jour de la sortie de Gravity, le score a augmenté (!!) et est passé à 97 % sur 42 critiques. Si vous ne connaissez pas bien Metacritic, sachez qu’un bon drame obtient normalement une moyenne de 60 %. Quand on s’approche de 75 %, on parle d’un film excellent. Peu de films franchissent la moyenne de 80 %. À ce jour, le metascore s’est stabilisé à 96 % sur 48 critiques et c’est tout simplement phénoménal.

Je m’attarde sur la section « intérêt » pour Gravity parce que peu importe ce que j’ai pu en penser, l’unanimité de critiques bien plus talentueux et expérimentés que moi s’entendant tous pour acclamer l’excellence frôlant la perfection de Gravity vaut davantage que tout ce que je pourrais en dire. Si vous lisez ceci, vous vous demandez sans doute si vous devriez voir ce film. Objectivement, I shall simply say, garochez-vous!

Verdict

Ambiance : ★★★★★

Vous avez déjà rêvé voir la Terre à partir de l’espace? Gravity, en IMAX 3D, va réaliser votre rêve. Gravity est plus qu’un film, c’est une expérience. Avez-vous déjà été dans ces attractions où on projette un film où vous vous sentez pris dans l’histoire, votre siège bouge et pendant quelques minutes vous êtes parmi les dinosaures ou sous l’eau avec Sponge Bob? C’est de ce genre d’expérience dont on parle avec Gravity, mais vous serez dans l’espace, à proximité de la Terre, et bien que votre siège ne bougera pas (sauf si vous prenez D-Box, une expérience que je veux essayer sous peu lorsque je verrai Gravity pour une deuxième fois), l’effet sera encore plus réaliste que ces attractions. C’est déjà suffisant pour valoir le prix exorbitant d’un film en IMAX 3D, mais vous serez gâté davantage : mise à part l’expérience, le film est excellent.

Sans vouloir entrer trop dans la technique, je pense qu’il est bon de savoir ce qu’est un « plan-séquence » pour mieux admirer l’exécution de Gravity, voyez quelques exemples de ces longs plans sans coupure ici. Cuarón adore les plans-séquences, Gravity en est garni et ils sont d’une complexité hallucinante. Un exemple : vous avez vu dans la bande-annonce l’astronaute qui est propulsée (c’est Bullock) dans le vide, tournoyant sur elle-même. Le plan suivant : gros plan fixé et stable sur le visage de Bullock, mais comme elle tourne à la verticale, on voit l’arrière-plan tourner plutôt qu’elle. C’est vertigineux, on accompagne Bullock dans cette ivresse causée par le tournoiement sans fin ni ralentissement. Sans changer de plan, la caméra change d’angle et entre dans le casque de l’astronaute, nous offrant sa vue, intérieur du casque inclus, décor qui bascule sans cesse de haut en bas. On est dans l’espace, il n’y a pas d’air ou d’eau nous permettant d’altérer le mouvement, on tourne sans fin. Le plan n’a toujours pas coupé, la caméra sort du casque de Bullock, se retourne et se fixe à nouveau sur son visage, tournant avec elle. Puis la caméra s’éloigne, on voit maintenant Bullock à la troisième personne, la caméra cesse peu à peu de tourner, ce n’est plus le décor qui tourne, mais l’astronaute.  Ces plans sont d’une telle fluidité que même moi qui tentais de les observer, j’oubliais de porter attention au moment où les changements de plan surviendraient. L’impact est renversant, on se sent vraiment comme si on y était nous-mêmes, flottant dans le vide de l’espace. Je suis sorti de la salle un peu étourdi, d’ailleurs.

Récit : ★★★★★

Le récit est simple : c’est une course à la survie, brillamment racontée. Tension soutenue, augmentée « l’expérience » visuelle et sonore. Sans air, le son ne peut voyager dans l’espace. Vous verrez les débris frapper de l’équipement dans l’arrière-plan, mais qu’aucun son ne soit entendu. Silencieux, mais pas moins violent pour autant. Le danger pourrait être à la nuque des personnages, mais c’est impossible pour eux de le savoir, ce qui est encore plus inquiétant que d’entendre la destruction en cours. La trame sonore s’occupe cruellement bien d’augmenter la tension dans l’absence de son.

Acteurs : ★★★★★

Gravity vous offre davantage le point de vue de Bullock et aussi dubitatif que je peux l’être envers le talent de l’actrice, même si on lui a donné un Oscar pour Blind Side (performance que j’avais trouvé correcte sans plus), ici Bullock offre une performance solide et irréprochable qui offrira sans doute une compétition certaine à Cate Blanchett pour l’Oscar de la meilleure actrice. Vu l’excellence de Blanchett dans Blue Jasmine, ce commentaire est significatif de l’exploit de Bullock dans Gravity. Clooney est égal à lui-même, c’est-à-dire excellent et charmant. J’aimerais bien le voir récompensé d’un Oscar un jour, mais comme il est seulement aussi exceptionnel que d’habitude, je doute que ça se produise cette fois-ci (doigts croisés quand même…).

Conclusion

L’excellence de Gravity est telle qu’on annonce déjà que ce film sera étudié dans les cours d’histoire du cinéma pour les décennies à venir. Il change la donne au niveau de son exécution, un peu comme Matrix ou Jurassic Park l’avaient fait. L’expérience que vous offre Gravity éclipse tout le reste, ce qui ne l’empêche pas d’être doté d’un récit et d’acteurs qui s’illustrent impeccablement dans cet immense chef d’œuvre. À voir absolument, en IMAX 3D de préférence.

Note finale : ★★★★★ + Un Godzilla d’Or

 

Et si vous ne croyez ni moi, ni les critiques, croyez d’autres réalisateurs!

Gravity (2013)