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Boyhood

Boyhood

Boyhood suit la vie de Mason Jr. de 5 ans à 18 ans. Il verra sa mère monoparentale se remarrier, sa propre vie se transformer, changer d’école, passer à travers le secondaire, découvrira la photographie, tombera en amour pour la première fois.

Le réalisateur de la trilogie « Before » (Before Sunset, Before Sunrise, Before Midnight) nous livre ici sans aucun dourte le film de sa carrière : Boyhood remporte pratiquement tous les prix pour lesquels il est nominé et a obtenu le plus haut Metascore de 99% (outre les « re-release » de vieux classiques en DVD/Blu-Ray, c’est le film qui a le plus haut score de toute la base de données de Metacritic). Connaissant la sensibilité avec laquelle le réalisateur Richard Linklater nous a habitué avec sa série Before (tellement à voir, by the way), j’anticipais que Boyhood nous offrirait des moments riches et nostalgiques, nous rappelant notre propre jeunesse tout en nous captivant par la vie de ce jeune homme.

J’ai vu le film dans le cadre du festival Fantasia, mais Boyhood prendra l’affiche au Québec à compté du 25 juillet.

Verdict

Même en avec une attente très haute, Boyhood n’a pas déçu. Je ne crois pas que c’est un film que le grand public dira en choeur que c’est un film parfait. Pour certains, ce sera trop long, il ne se passera pas grand-chose, ça manquera d’événements pivots… ça manquera de drama. Mais malgré ce choix définitivement conscient et souhaité par Linklater, je crois que même les masses sauront saisir la magie de ce film (peut-être pas tous, voici l’opinion d’individus qui n’ont pas aimé)

Sa magie est dans son réalisme extrême, dans la célébration des petits moments de la vie qui se cumulent pour devenir une vie. Pas une vie comme au cinéma, une vie comme dans la vraie vie. Mais au cinéma. Tsé?

On a tous nos trame sonore en voiture, la musique du temps qu’on était enfant. Pour moi c’était Life is Life et Boy George. Pour eux, c’est Britney Spears, et Yellow de Coldplay. À l’adolescence de Mason, on entend Phoenix, puis vient éventuellement Foster the People qui pour moi a été une claque dans la figure : ce récit du passé venait de nous rattraper pour devenir presque qu’actuel.

Le passage du temps. C’est ce à quoi on assiste dans Boyhood. Le temps est palpable, est visible. Et si vous ne le saviez pas déjà, voici la technique utilisée par Richard Linklater pour contribuer à rendre ce passage du temps aussi crédible : le film a été filmé sur une période de douze années. Chaque été, il a rassemblé ses acteurs, tourné quelques scènes, et seulement maintenant, douze ans plus tard, il nous montre le montage en près de trois heures de ce projet unique. L’enfant à cinq ans est le même acteur que l’adolescent à 18 ans. Plus le film avance, plus on est témoin de sa croissance. Sa mâchoire se développe, ses traits d’enfants laissent place aux traits d’adolescents. Le casting est si bon que Mason Jr. finit par vraiment ressembler à son père, joué par Ethan Hawke.

Le film rappelle beaucoup The Tree of Life, de Terrence Malick, un favori des critiques mais un peu moins du public qui retraçait aussi la vie d’une famille à travers des souvenirs un peu abstraits dans le récit, mais illustrant des scènes extrêmement réelles au sein de ses séquences. L’exercice de Linklater d’illustrer une vie aussi réelle que possible est similaire dans Boyhood, mais beaucoup plus accessible. Alors que Tree of Life se concentrait sur la poésie de l’image, Linklater, comme dans sa trilogie « Before », se concentre sur des dialogues aussi réalistes que captivants et l’interaction entre les personnages. Le récit n’a rien d’abstrait, l’histoire avance chronologiquement avec suffisamment de repères pour que l’on comprenne où on est rendu même si tous les événements de la vie de Mason et sa famille ne sont pas systématiquement montrés à l’écran. Le film est léger, facile d’approche, nous fait rire ou sourire constamment.

Trop souvent lorsqu’il y a des enfants dans des films ou à la télé, ceux-ci ne sont que des accessoires sortant des répliques provenant de nul part pour servir le récit des adultes (les enfants dans les pourtant excellentes séries Mad Men ou Dexter en sont des exemples flagrants). Connaître le discours que tiennent des enfants ou des adolescents selon l’âge qu’ils ont est à mon avis un art en soit, et je salue l’excellence des discours tenus par les personnages de Boyhood. La progression est juste, on ressent leur développement à travers leur discours. J’aime particulièrement entendre la philosophie encore si limitée (par un manque d’expérience de la vie) de Mason Jr à partir de 16-17 ans. Limitée mais profonde et réfléchie selon ses balises du moment.

Sans révéler la fin, je tiens à dire que le moment où le générique survient est juste parfait. Le film a duré 2h46 minutes, et jamais je n’ai trouvé le temps long, j’aurais même continué.

Conclusion

Boyhood est un film parfait en ce sens qu’il n’y a rien que je puisse reprocher au film. Il n’y a pas de drama, mais le film n’en n’a pas besoin pour être captivant. Le film est d’une longue durée, mais il n’est pas trop long, ni ne donne le sentiment de l’être. Le passage du temps est palpable tant physiquement sur tous ces acteurs qui ont participé au tournage sur une période de douze ans, que dans la trame sonore qui nous accompagne avec des titres pertinents pour chaque époque, que dans les dialogues qui évoluent selon le niveau intellectuel et d’expérience de ces enfants (Mason Jr et sa soeur) qui grandissent. Richard Linklater a accomplit un exploit, celui d’utiliser le cinéma pour produire une sculpture illustrant le temps. C’est un chef d’oeuvre dont on se souviendra longtemps.

Boyhood suit la vie de Mason Jr. de 5 ans à 18 ans. Il verra sa mère monoparentale se remarrier, sa propre vie se transformer, changer d’école, passer à travers le secondaire, découvrira la photographie, tombera en amour pour la première fois. Le réalisateur de la trilogie « Before » (Before Sunset, Before Sunrise, Before Midnight) nous …

Aperçu Avis

Ambiance
Récit
Acteurs
Plaisir général

Parfait

Résumé : Richard Linklater a accomplit un exploit, celui d'utiliser le cinéma pour produire une sculpture illustrant le temps.

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A Propos CinemaGeek

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2 commentaires

  1. J’ai moi aussi été charmé par boyhood. J’ai 18 ans, donc le film m’a vraiment parlé, car Mason a mon âge et a vécu un parcours tout de même similaire au mien, mais j’ai eu du mal a voir finir le film, j’avais encore des questions dans ma tête, je crois que le film aurait gagné à être plus long. De plus, après le film je suis resté pour life after beth et suburban gothic et je n’étais plus capable d’apprécier les films, parce que j’avais vu quelque chose de trop parfait ou touchant. Je crois qu’il va devenir en effet un chef d’oeuvre et j’ai très hâte de le voir dans 4-5 ans pour voir comment ma perception du film a évolué

  2. Je m’excuse de te répondre si tardivement. Je pense que tu devrais vraiment regarder le documentaire suivant, tu y trouverais sans doute des réponse de ce que tu cherches à trouver dans Boyhood: 56 Up.

    Cherche pour la bande-annonce dans youtube (« 56 up trailer »).

    Un documentariste rencontre des enfants de sept ans de milieux différents (riche, pauvre, orphelin, garçons, filles), leur pose des questions sur leurs rêves, ce qu’ils veulent faire plus tard, qui ils aimeraient marier, combien d’enfants ils voudront. On est dans les années 1960s, images en noir et blanc.

    Puis soudain, un saut dans le futur, on est sept ans plus tard et le documentariste interview les mêmes jeunes, ils sont maintenant des ado de 14 ans. Ils répondent aux même questions, c’est amusant de comparer avec leurs réponse d’enfant.

    Saut en avant, ils ont 21 ans, ils commencent leur carrière pour certain, mère au foyer pour une autre : elle a réussi à courtiser le petit dur à cuir sur qui elle avait un oeil étant ado, est tombée enceinte tôt. L’autre a laissé l’école pour devenir mécanicien. Etc.

    Ils ont maintenant 28 ans…. puis 35…. puis 49… On suit leur évolution jusqu’à 56 ans.

    C’est fascinant à la Boyhood. En fait, Boyhood est fascinant à la série Up, qui passe à la BBC tous les sept ans. 56 Up est une série de trois longs épisodes d’environ un heure.

    Et j’ai une bonne nouvelle : c’est sur Netflix.

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