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[FNC] Tom à la ferme (2013)

[FNC] Tom à la ferme (2013)

Il m’est d’avis que le mystère de la trame narrative est un aspect important de l’ambiance énigmatique, émotionnellement chargée et angoissante de Tom à la ferme. Pour éviter tout spoiler, je ne résumerais le synopsis qu’à ceci : Tom, Montréalais moderne travaillant dans le domaine de la pub, rend visite à la famille d’un ami habitant une ferme laitière. Il y rencontrera Francis avec qui il entretiendra une relation malsaine.

Intérêt

Il s’agit du quatrième film de Xavier Dolan, ce jeune réalisateur prodige qui avait remporté trois prix à Cannes avec son tout premier film (J’ai tué ma mère) alors qu’il n’avait que 20 ans. Il a offert deux autres films remarquables depuis, Les amours imaginaires et Laurence Anyways. Ce sont tous des films à  voir, mais si vous ne deviez n’en voir qu’un, je dirais que Laurence Anyways est son film le plus mature et accompli à ce jour. Avoir la chance de voir le film en première au Festival du Nouveau Cinéma, deux mois avant sa sortie en salle, est un grand privilège.

Verdict

Tom à la ferme débute avec une splendide vue du haut des airs, plongeant sur notre décor bucolique de la campagne québécoise avec nos champs de blés d’Inde et nos fermes à silo. C’est magnifique, mais il faut en profiter : le film étant une adaptation de pièce de théâtre, il va presque de soi que le reste du film sera bouclé à huis clos. Et c’est effectivement le cas. Pas que la direction photo fasse défaut, mais le décor d’une maison, même de campagne, n’a rien qui sorte tellement de l’ordinaire. Un accessoire mémorable : ce verre d’une collection trop répandue dans les années 1980s! Mais même cloitré sur cette ferme, Dolan (ou son directeur photo), un peu à la Wes Anderson, intègre les prises au ralenti avec une solide trame sonore. Il y a une charmante économie du détail, comme ce flashback d’une scène de karaoké où on ne voit que quelques gros plans rapprochés et difficiles à cerner, mais qui racontent davantage que ce qu’un plan d’ensemble aurait pu créer. Ces plans clés précisant la trame émotionnelle du film soulignent à gros trait cette sensibilité du langage visuel qui est constante dans l’œuvre de Dolan. À cet égard, Tom à la ferme ne déçoit pas.

Dans son ensemble, la trame narrative est assez bien montée. Tom à la ferme est un thriller psychologique cruellement efficace qui offre une traumatisante expérience. Le film est prenant sur le moment et monte en intensité jusqu’à sa toute fin. Je ne pense pas dévoiler d’éléments importants en affirmant que la scène du générique de fin permet étrangement d’apaiser le niveau de stress causé par le film. Le problème avec le film de Xavier Dolan s’est présenté pour ma part après que l’adrénaline se soit dissipée. Une fois l’esprit plus clair, il devient évident que certaines scènes clés du film sont mal amenées, résultant en des actions/décisions des personnages dont les actions perdent beaucoup de crédibilité. C’est dommage, ça ne reflète pas la finesse habituelle de Dolan. Peut-être n’est-il pas aussi doué dans l’adaptation? Sinon, il s’agit quand même d’une intéressante confrontation entre un gars de la ville et le « monde des régions ».

Par ailleurs, je tiens à souligner l’excellent jeu émotif de Xavier Dolan, qui exprime beaucoup sans avoir à dire un seul mot (mais quand il parle il est ben bon aussi). Lyse Roy, qui incarne Agathe, la mère fermière, a quelques scènes mémorables (« Tout une cochone! ») également. Tandis que Pierre-Yves Cardinal offre une prestation de douchebag crédible.

Dans l’ensemble de l’œuvre de Xavier Dolan, Tom à la ferme s’insère très bien dans cette collection de films de qualités.

Ambiance : ★★½
Récit : ★★
Acteurs : ★★★★

Note finale: ★★★½

Tom à la ferme est le « très bon » parmi les excellents films de la collection de Xavier Dolan. Les accrocs à son scénario l’empêchent d’être un film génial, mais le film réussi quand même à être un intense thriller psychologique d’une surprenante sensibilité et avec un somewhat romantique, ce qui est un exploit en soit. Si vous appréciez Dolan, voyez-le en salle. Si vous ne le connaissez pas vraiment, commencez avec Laurence Anyways.

Ça demeure un bon thriller tout à fait recommandable, seulement légèrement imparfait, ce qu’on ne noterait sans doute pas s’il ne s’agissait pas de Xavier Dolan

http://www.youtube.com/watch?v=KH-I2ta24x8
Couverture du Festival du Nouveau Cinéma 2013 

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